• Ma vie en Haïti 12

    Dès qu’on a le dos tourné les crabes s’installent sur le lit. Ils entrent par le dessous de la porte, leurs pattes crissent sur la terre battue du sol. Le vent agite les palmes qui caressent le toit en tôle. Crabes, palmes, ravets (gros cafards) etc. sont à l’origine des bruits qu’on entend la nuit. Mais je n’ai pas encore pu expliquer les autres bruits, comme des plaintes étouffées, des gémissement voire des miaulements, des pas feutrés etc. Ce jour là Elvire me demande comment est la vie dans mon pays, si elle est plus facile qu’en Haïti ? Je lui explique qu’il faut travailler pour vivre. En hiver, il faut se chauffer, que tout coûte de l’argent. En somme c’est pareil sinon encore plus difficile. Elle s’en retourne un peu déçue croyant qu’autre part c’était mieux. Quelques jours plus tard elle se jette à mes pieds et m’embrasse avec les larmes aux yeux. « Vous savez, les bruits que vous entendiez la nuit, ce sont ceux faits par les boat people qui se cachaient derrière la propriété. Ils sont partis sur un bateau, je devais le prendre aussi avec mon oncle. On avait payé la traversée, plus de 1 250 $ par personne (salaire moyen 10 $ mensuel). Comme vous m’avez expliqué les difficultés pour entrer aux USA, la mise en quarantaine, voire l’expulsion. J’ai renoncé au voyage. Ils sont tous morts, le bateau a coulé, seul le capitaine est revenu. » Elvire m’a rapporté tout cela, elle était très reconnaissante estimant que je lui avais sauvé la vie. Parler des boat people est défendu. M’en parler est un signe de grande confiance.
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