Autre extrait de mon journal à la date du mardi 22 juillet 1980 :
Il est 16h45, un trimaran passe au large de la digue, je suis assise sur la plage et tente de me souvenir des événements de la journée. J’ai été en ville avec mon auto après le déjeuner et ai trouvé le market « La Parisienne » ainsi qu’une pharmacie. Le market ( supérette ) est dans la 3^ème rue, la pharmacie Pierre dans la 8^ème. Je commence à me sentir bien car je sens que bientôt je retrouverai les ailes de la liberté. J’ai aperçu le marché couvert ainsi que la cathédrale, j’aurai donc de quoi faire des photos. Le trimaran  vient de ramener sa voile, il rentre au port du Cap Haïtien. Le vent souffle. Des indigènes passent sur la plage habituellement déserte. Certains sont intrigués par ce que je fais. Un gamin me voit faire un dessin et il s’enhardit à venir voir de près. Des jeunes filles me saluent aimablement et les jeunes gens me regardent avec de grands yeux interrogateurs. Un peu plus loin trois blanches se dorent dans le pâle soleil couchant.

Mercredi 23 juillet 16h : pas commode d’écrire sur la plage alors que le vent souffle. Les trois blanches pique-niquent en face de moi en m’ignorant totalement. Trois touristes se dorent un peu plus loin. Le soleil se cache derrière les nuages, bientôt il disparaîtra derrière le morne. Eddy, un des gosses d’Elvire joue avec deux petits allemands, mais très vite c’est la bagarre et Eddy se retrouve seul. Son père, caporal dans l’armée haïtienne, en grande tenue, casque et fusil, se dirige vers moi au grand étonnement des pique-niqueuses. - « Merci beaucoup madame, pour le pantalon, je suis très très content. » Il mêle le geste à la parole et se courbe à maintes reprises. Il m’explique que le petit travail qu’effectue son épouse auprès de nous lui est d’un grand secours. Puis il s’en retourne à son tour d’inspection.