• Cette péripétie me rappelle une autre arrivée tout au début de mon séjour dans l’île. Belle maman étant hospitalisée sa chambre était devenue le lieu de rendez-vous de tous les mendiants qu’elle avait l’habitude d’aider et des employés qui lui apportaient de la nourriture trois fois par jour, etc. Eh, oui ! dans ce pays on ne vous nourrit pas à l’hôpital. Comme elle était dans le coma c’était les visiteurs qui mangeaient les repas (certains ne venaient que pour cela). Il y avait aussi la famille, et celle-ci va jusqu’aux cousins les plus éloignés. C’est tout juste, si tous les gens plus ou moins aisés, n’ont pas des centaines de parents. Tout ceci pour vous dire que j’allais la voir seulement une fois par jour au moment de la visite du médecin. Par respect pour celui-ci je sortais de la chambre comme on le fait chez nous, alors que toutes les autres visites  y restaient. Bien que je le saluais il m’ignorait toujours.

    http://i36.tinypic.com/2vcxt2d.jpg Un jour alors qu’il sortait de la chambre devant laquelle j’étais assise et que pour la énième fois il passait devant moi sans répondre à mon salut, je l’ai interpellé vivement. «  Monsieur il paraît que vous seriez vexé par mon attitude mais sachez que j’agis ainsi par respect, car en France, il est d’usage que les visites et la famille sortent lorsque le personnel médical intervient. D’autre part étant ancienne Interne des Hôpitaux de Strasbourg je ne voulais pas interférer dans vos soins. D’ailleurs à ce sujet le coma de ma belle mère me semble bien artificiel il serait bon de faire….ceci et cela…( point besoin d’énumérer les examens etc.)…afin qu’elle en sorte. » Sur ce, le toubib s’excusa et croyez le ou non le lendemain belle maman sortait du coma. De plus lorsque mon mari reçut la facture il paya un prix bien moindre à celui prévu, avec un mot : prix pratiqué entre collègue. Que penser de ce toubib ?   Bien que j’ai fait quelques années de médecine, que je sache faire les piqûres, que j’ai fait beaucoup de bénévolats en milieux médicaux, jamais je n’ai été interne au CHU de Strasbourg. Mais je ne regrette pas ce mensonge pieux.

              

    Au fait connaissez-vous la fleur qui illustre cet article ?

    votre commentaire
  • ti marchandes

    L'art de porter sur la tête : petites marchandes de légumes

    Malgré cela il arrivait que les choses s’enveniment comme la fois où ma belle mère a renvoyé l’infirmière qui s’occupait d’elle. C’était un samedi et personne d’autre n’était joignable. Mon époux s’inquiétant pour sa santé m’a demandée de prendre la place de l’aide médicale. Demande toute justifiée, car mes études m’avaient habituée à ce genre de soins. A l’encontre des coutumes haïtiennes j’ai mis à la porte les nombreuses personnes qui étaient constamment dans le chambre de belle maman, pendant que je la soignais. Celle-ci, appréciant mes actes ne voulut plus d’infirmière pour la soigner sous prétexte que je faisais bien mieux les piqûres. J’ai donc assumée cette tâche durant trois semaines. Jusqu’au jour où mon amie Gladys, propriétaire et directrice d’une école nous fit savoir que le "téléphone diol"  laissait entendre que j'étais responsable de la maladie de belle maman. Dans un pays où ce genre de ragots est plus que dangereux, il est préférable de le quitter pour ne point être accusé de meurtre. Au fond j’aurais dû faire les soins en laissant les employés et les visites dans la pièce. Je n’ai pas quitté Port au Prince, mon mari a mis par écrit un démenti dans lequel il disait que quoi qu’il arriverait à sa mère je n’y étais pour rien. Malgré les protestations de belle maman une nouvelle infirmière fut engagée.


    votre commentaire
  • Kaliko Beach vue du voilier pays

    Kaliko Beach vue de la mer

    C’était bien avant le tremblement de terre et même avant le "déchoucage" de Jean-Claude Duvalier. Je me plaisais bien dans cette île qu’autrefois on avait baptisé la Perle des Antilles. Mais, comme je vous disais dans mes articles précédents, (voir catégorie Haïti) rien de comparable avec la vie du bord de mer d’un pays européen. Us et coutumes bien différents auxquels on se soumet tant bien que mal. De nombreux Français résidaient dans le pays, parmi eux plusieurs Alsaciens comme les exploitants de la Résidence Leclerc ou ceux de Kaliko Beach, la plage préférée du président. Ces derniers ont fui le pays en catastrophe après la chute de Jean-Claude craignant pour leur vie. En ce qui me concerne j’étais très bien acceptée par tous ceux que je côtoyais. Belle maman était propriétaire de nombreuses terres, dont la plupart en fermage, elle avait des immeubles en location. Comme les paiements ne suivaient guère mon mari a dû trouver un travail pour subvenir aux besoins de sa mère malade, aux nôtres et à ceux de tous les employés. Mon époux, devenu le soutien de famille de tous les gens de l’entourage de sa mère et le patron peu exigeant de tous les fermiers et locataires, était considéré comme le sauveur qui, en aucune façon, devait quitter l’île. Comme j’étais son épouse il en était de même pour moi. Kaliko Beach un bungalow

    Un bungalow de Kaliko Beach


    votre commentaire
  • Bien avant que la construction en dur ne se répande comme une folie contagieuse, dans Port au Prince, on construisait de superbes maisons en bois. De style Gingerbread (pain d’épices), elles faisaient la fierté de leurs propriétaires. Malgré la crainte des cyclones elles ont bien résisté au temps. Leurs ennemis n’étaient ni le vent, ni la pluie, ni même les tremblements de terre, mais bel et bien les termites. Dans plusieurs articles je vous ai montré de telles maisons : l’Hôtel Oloffson, la villa Baussan…

    Bismarckshock construit en 1912

    En 1984 je m’étais mise à la recherche de ces beautés cachées dans les rues de la ville. Souvent avec l’inconscience du moment je pénétrais même dans les propriétés gardées par des chiens plus ou moins méchants. Je me souviens j’étais prise par la mise au point de l’objectif pour cette photo, lorsque le chien des Peabody me sauta dessus. Il se prit la patte dans la lanière de l’appareil qui pendait à mon cou. Mais le bel épagneul ne me fit rien. La maison entièrement restaurée et somptueusement décorée par son propriétaire américain est une des plus luxueuses créations de l’architecte Léon Mathon réalisée en 1912 pour Gustave Keitel et baptisée "Bismarckshock".


    votre commentaire
  • L’exagération bien marseillaise de mes amis n’était pas très éloignée de la vérité (voir  l’article 26). Lorsqu’on regarde cette photo prise avant la construction de la nouvelle route on peut imaginer que le trajet était périlleux et long. Mais, en ce jour d’avril 1978, la route était belle et le voyage s’est bien passé malgré les nombreux arrêts. Nous arrivâmes à Jacmel fatigués par la chaleur mais assez dispos pour honorer les invitations. Les familles qui nous accueillirent étaient chaleureuses et pleines d’attention. Au cours de la conversation on a évidemment parlé de la route de l’amitié. Wouah ! loin d’être reconnaissantes aux Français pour la réfection de la route, toutes les personnes leur en voulaient sous prétexte que les ingénieurs et ouvriers venus de France se sont enrichis en découvrant les jarres ( trésors) enterrées par ceux qui ont fui le pays à l’époque de la révolution. Cette rumeur prit une telle ampleur que le panneau à l’entrée de la route fut détruit.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique